Dans cet article je vais évoquer les résultats de deux récents voyages photo à la recherche du Chevalier combattant (Philomachus pugnax) en Finlande et Norvège. Plus précisément, pour cette espèce, dans la péninsule du Varanger, au nord-est de la Norvège, et le Varanger fjord, en 2023 et 2024. Pour plus de renseignements : péninsule du Varanger (lien en anglais, utilisez svp un traducteur de page) et Varanger Fjord (idem).
Ce voyage photo chevalier combattant est consacré à cette espèce en priorité, mais pas uniquement. Je vais évidemment le guider à nouveau dans les années qui viennent, car il produit des images spectaculaires. Le Chevalier combattant est une espèce fascinante, en forte régression un peu partout en Europe, mais encore bien présente dans la région du Varanger, tout au nord-est de la Norvège.
Sur ce voyage, bien d’autres espèces sont approchées et photographiées, dont beaucoup considérées comme rares (et donc désirables) par le photographe qui vit plus au sud.
Après le succès des deux dernières éditions (en juin), je pense aussi à des voyages en hiver au Varanger. Bien sûr sans les chevaliers partis en migration. Mais avec d’autres espèces stars comme les Eiders à tête grise (King Eiders) et des groupes de Macareux dans la neige (sur l’île d’Hornoya).
Souvenirs …
Ces voyages m’ont donné l’occasion de me reconnecter, en quelque sorte, à ces espaces nordiques que j’avais déjà visités, longuement, il y a près de 20 ans déjà, et qui m’avaient beaucoup plu. J’avais ramené quelques belles images de ce séjour de deux mois en Finlande et dans le Varanger fjord. Buses pattues, Pluvier guignard, Eider de Steller, Chevaliers sylvains, etc. Mais pas tout à fait les images de Combattants dont je rêvais. Comme j’étais hélas arrivé un peu tard dans la saison, les Chevaliers combattants ne m’avaient pas offert le grand spectacle qu’ils peuvent réserver à leurs admirateurs en mai-juin.
Depuis, plus orienté vers les Shetland et d’autres destinations nordiques comme l’Islande en période estivale, je n’y étais pas retourné. Ce qui m’a déterminé à y revenir, c’est, en plus de l’attrait du lieu, les possibilités absolument nouvelles qu’offre le matériel photo moderne. De superbes photos d’action deviennent possibles et les déclenchements sont sans limite, une situation bien différente de la photo argentique d’alors. Que de progrès techniques accomplis en deux décennies !
Le Chevalier combattant, un phénomène de la nature !
Le mâle de Chevalier combattant se distingue par une parure nuptiale tout à fait étonnante, rappelant les costumes du Moyen-âge ou des siècles suivants, avec fraise, collerette, etc. Ces costumes ont peut-être inspirés de l’oiseau lui-même, car il était à ces époques très abondant en Europe. On le servait en nombre sur les tables de la noblesse lors des grands banquets de fête. Comme pour certains autres oiseaux (tétras), la parade nuptiale du Chevalier combattant s’organise autour d’un lek, place de parade bien en vue, à proximité d’un marais le plus souvent.
Pour ce voyage photo consacré aux Chevaliers combattants, nous avons repéré et identifié bon nombre de leks en différents endroits. Le centre du lek est l’objet de disputes et affrontements entre mâles dominants et mâles satellites, assez faciles à déterminer d’ailleurs par leur couleur. Et les femelles, aux meilleurs moments, se promènent un peu partout sur la place, faisant monter l’excitation et l’humeur des mâles. Plus tard, après l’accouplement, elles déposeront d’ailleurs leur ponte non loin du lek.
Toutes sortes de costumes de fête, ou de combat, s’exhibent sur un beau lek. Il est impossible de trouver plus de diversité dans une même espèce (d’où son autre nom de Combattant varié). Il est même de « faux mâles » (mâles ressemblant parfaitement aux femelles) qui ne combattent pas mais se faufilent sur le lek en essayant de voler quelques accouplements aux belligérants ! Pour en savoir plus, lisez cet article très complet, en anglais. Pas d’équivalent français, mais vous pouvez utiliser un traducteur de page …
Quoi qu’il en soit, pour le photographe de nature, l’alliance, en un unique oiseau, d’une apparence et d’un comportement à ce point flamboyants, baroques même, est tout simplement irrésistible !
Le Varanger, haut-lieu de l’ornithologie en Europe
Malgré tout, et aussi superbe soit-il, le Chevalier combattant n’est pas le seul sujet digne d’attention dans ce voyage photo au Varanger. Sont aussi présents, et assez facilement approchables et photographiables, plusieurs espèces de bécasseaux. Comme le Bécasseau de Temminck, le Bécasseau minute, le Bécasseau violet, et d’autres limicoles comme la Barge rousse, le Phalarope à bec mince. Ou bien la très rare Bargette de Terek (Xenus cinereus), que notre groupe a eu l’honneur et la chance de redécouvrir – et de photographier de près, ce qui est mieux – après une longue absence de 13 ans sur les relevés ornithologiques locaux.
Sur ce voyage photo Chevaliers combattants, nous avons aussi de très bonnes possibilités (affûts permanents) pour des passereaux de la forêt boréale en Finlande. Des espèces comme le Mésangeai, le Durbec, la Mésange boréale. Et, concernant la toundra arctique de la péninsule du Varanger, nous pouvons y photographier le Pipit à gorge rousse, la Gorgebleue (race svecica), le Bruant lapon, des espèces typiques. Ajoutons bien sûr les Plongeons : catmarin, arctique et à bec blanc, tous possibles, et des rapaces comme la Chouette épervière, le Hibou des marais, ou le Faucon gerfaut, pour faire bonne mesure.
Magie des espaces nordiques
Les paysages et milieux visités lors de ce voyage photo ont aussi leur beauté propre. La taïga finlandaise est fascinante, avec ses profondes forêts où rôdent élans, rennes et tétras, et ses lacs innombrables. Et, c’est heureux, début juin les moustiques sont quasi absents … La péninsule du Varanger n’est pas en reste, mais dans un tout autre registre, celui de la toundra arctique. Ici les arbres ont presque totalement disparu, et latitude / altitude plus élevées font qu’elle est encore recouverte en partie de neige au début de l’été : enchantement et dépaysement garantis !
Le fjord du Varanger, quant à lui, bénéficie d’un climat plus tempéré, contrastant avec les plateaux avoisinants. Limicoles et canards (eiders, particulièrement, plusieurs espèces) s’y rassemblent en nombre. Leur prédateur n’est alors pas loin : on y voit assez fréquemment le Pygargue à queue blanche, le plus grand aigle d’Europe, déployant brusquement son immense envergure de près de 2 mètres cinquante.
Photo d’action et appareils Nikon Z
J’ai emmené sur ces voyages photo dans le Varanger, pour tenter de figer les chevaliers combattants en pleine action, un boîtier hybride Nikon Z9 et un 500/4 mm en monture F (en 2023). Puis en 2024 deux boîtiers hybrides Nikon Z9 et Nikon Z8. Equipé pour le premier d’un téléobjectif Nikon Z 800 mm f/6.3 VR S, et pour le second d’un 500 mm f/5.6 E ED PF VR (non Z).
J’ai utilisé aussi en cas de besoin des convertisseurs 1.4 x et 1.7 x (avec le Z 800 mm, 1.4 x uniquement). En effet, je n’aime guère « cropper » mes images, j’ai gardé cette habitude de l’argentique. Le Nikkor Z 800 mm m’a donné vraiment toute satisfaction en fait de piqué et de réactivité (et de poids bien sûr : 2,3 kg). Il reste bon ou très bon avec un converter 1.4 x (1120 mm de focale résultante), à condition de diaphragmer un peu.
Son seul défaut, sur des arrière-plans un peu encombrés ou trop proches du sujet, est de fournir un bokeh que je juge assez confus, par rapport à un téléobjectif classique comme un 500 mm ou 600 mm f/4.0. Mais si la distance entre le sujet est l’arrière-plan est normale, ce défaut tend à disparaître.
Quant au Z9, sa réactivité en autofocus et ses rafales à 20 im/s sont des atouts décisifs lorsqu’un combat ou une phase de vol-poursuite entre chevaliers combattants s’engagent, car ces épisodes sont brefs et imprévisibles. Il faut être très réactif et pouvoir compter sur son matériel.
Si vous aussi, vous êtes fascinés comme je le suis par ces oiseaux étonnants, et rares pour la plupart dans nos contrées, je ne peux que vous inciter à voir le descriptif du voyage photo Chevaliers combattants sur ce site, avec une galerie d’images plus complète.
N’hésitez pas bien sûr à faire vivre ce blog en me posant des questions, ou en commentant l’article, je vous répondrai avec plaisir.