Le delta du Danube, paradis de la photo animalière
Réalisé en mai 2024, ce voyage photo animalier dans le delta du Danube est le dernier en date d’une longue série (plus d’une douzaine de voyages) qui a commencé en 2014, soit il y a déjà 10 ans. J’avais révélé alors dans un article de blog mon émerveillement devant la découverte d’un espace de nature très vaste et très riche. Un lieu sans commune mesure avec ce que j’avais jusqu’alors pu expérimenter en Europe, lors de divers voyages ornithologiques de l’Espagne à la Norvège.
Je rêvais en effet de visiter cet endroit, depuis la lecture du livre de Dominique Robert, Danube, les Oiseaux au fil du fleuve (1988). Après plusieurs voyages photo guidés dans les pays de l’est, en Bulgarie et en Grèce du Nord (Aigles royaux et Pélicans sur le lac Kerkini), par exemple, le delta me tendait enfin les bras.
Quelques chiffres sur le delta
Le delta du Danube est le plus grand delta d’Europe (3500 km2), après celui de la Volga, et le mieux préservé (classements Ramsar, Unesco). Y cohabitent 1200 variétés de plantes, 45 espèces de poissons, et 300 espèces d’oiseaux, nicheuses ou de passage. L’essentiel du delta, pour les 4/5, est roumain, le reste en territoire ukrainien. Pour explorer une partie de ce vaste espace, notre base n’est pas un village du delta, mais une réserve privée de 1100 ha, équipée d’une trentaine d’affûts fixes spécialisés, d’un petit hôtel 4*, et de guides locaux très compétents. Autrefois domaine piscicole, cet espace s’est renaturé et offre des possibilités énormes dans la réserve elle-même, avec une meute de chacals dorés qui s’y sent comme chez elle, un couple de pygargues résident, et bien d’autres espèces aviaires ou de mammifères, parmi lesquelles le chat sauvage et la loutre d’Europe.
Affûts nocturnes
Nous étions, au départ de ce voyage photo dans le delta du Danube, au mois de mai dernier, un groupe de 6 photographes, plus moi-même. Dont deux fidèles du delta, qui reviennent pratiquement tous les ans depuis 2014. Tant le lieu et les installations dans notre réserve privée (de 1100 ha) sont de leur goût ! Il y a tant de possibilités et de diversité dans les prises de vues sur ce voyage qu’il est pratiquement impossible de se lasser. Et cette année, de plus, il y avait du nouveau, des affûts de nuit pour de nouvelles espèces !
Les affûts de nuit ne datent pas d’hier dans cette réserve. Nous avions eu les années passées des possibilités assez incroyables sur le chat sauvage, très régulier sur un affût de nuit. Il suffisait alors d’aller plus loin et de tenter l’aventure sur d’autres espèces, ce qui représente tout de même une entreprise considérable. En effet, la conception de chaque affût suppose un travail préparatoire de longue haleine, et une réalisation technique savante.
Depuis 2022, d’autres affûts nocturnes ont ainsi été développés. L’un non loin d’un terrier de blaireau, d’autres sur deux plans d’eau où se rendent les chacals la nuit, et aussi auprès de nids de chouettes chevêche et effraie. En plus des séances diurnes, nous pouvons ainsi offrir une expérience photographique quasi permanente, et une plus grande variété d’images !
Techniques pour la photo animalière de nuit
Ces affûts, très bien conçus, sont destinés à résoudre tous les problèmes que peut éprouver un photographe non-spécialiste en photo animalière de nuit.
Tout d’abord, comme pour tout affût photo, il faut dissimuler le photographe aux sens en éveil d’un sujet souvent plus méfiant de nuit que de jour. Ce qui est réalisé par une construction en dur avec une vitre sans tain, qui procure une isolation phonique et olfactive efficace. Mais il reste à régler plusieurs problèmes spécifiques.
Mettre au point la nuit
Le premier problème, celui de la mise au point, est résolu par un éclairage LED permanent. Il faut habituer progressivement les animaux, ce qui peut prendre, pour certaines espèces, des semaines ou des mois. Cet éclairage est disposé sur le toit de l’affût, et orienté sur une zone plus ou moins étendue devant celui-ci. La lumière (réglable) est suffisante pour faire fonctionner l’autofocus, y compris avec des objectifs pas très lumineux.
Le second problème, l’exposition de nuit, peut être abordé de deux façons : privilégier l’éclairage ambiant, mais en montant assez fortement en iso (6400-12 800 ou plus). Il faut alors avoir un objectif à f/2.8 ou f/4, de préférence, ou bien choisir un éclairage au flash.
Flashes multiples
La deuxième option, la photographie animalière au flash, fournit évidemment plus de possibilités. Celle de figer l’action, en cas de besoin (chouettes en vol). Mais aussi de mieux gérer la profondeur de champ en fermant à f/8 ou f/11 (meilleurs résultats sur des animaux assez gros et près comme le blaireau). Plus important encore, cela offre la possibilité de modeler un éclairage créatif avec plusieurs flashes. Par exemple 3 flashes, dont 2 disposés sur les côtés, avec des intensités différentes, et un placé derrière l’animal, pour dessiner un contre-jour dans le pelage ou les plumes.
On aime ou pas la photo au flash, mais avec les bons réglages (et le bon matériel), ces photos se révèlent bien meilleures et bien plus définies (pas de nécessité de monter en iso) que celles prises en lumière ambiante. Les flashes sont disposés à l’extérieur de l’affût, et sont commandés sans câbles, par radiocommande.
Facilité d'emploi
Pour simplifier encore les choses, les photographes n’ont pas besoin d’amener leurs flashes sur nos affûts. C’est pratique, car partir en voyage photo dans le Danube avec une malette de flashes n’est pas l’idéal. Le matériel (en général 3 flashes cobras de forte puissance, radiocommandés) est pré-installé. Il suffit de glisser dans la griffe flash de chaque appareil un module de déclenchement radio (fourni), et de paramétrer sur le boîtier le bon triangle d’exposition (iso/diaphragme/vitesse, adaptés à la puissance disponible des flashes), et c’est parti !
En conclusion
On ne peut faire plus simple, et c’est de plus une très bonne introduction, pour le photographe que la technique rebute, vers un domaine photographique très prometteur, la photo animalière de nuit. Y compris avec des systèmes de pièges photo auto-déclenchés, qui, grâce aux progrès de la technique, ne sont plus si compliqués que cela.
Ces photos animalières de nuit, au flash ou non, se sont avérées passionnantes pour tous. Même si bien sûr il faut apprendre à gérer la fatigue résultante, sur un séjour photo de près d’une semaine. Car nous ne réduisons pas le programme de photo de jour pour si peu ! En pratique, nous terminons les séances photo un peu avant minuit, afin de pouvoir rester efficaces le lendemain, et les affûts de nuit sont « à la carte ». On peut s’y rendre un soir et pas le lendemain.
Un ajout bienvenu à ce voyage photo dans le delta du Danube, très complet pourtant, que je décrirai un peu mieux dans un prochain article de blog.
N’hésitez pas bien sûr à commenter cet article ou à me contacter pour en parler. Et pour plus de renseignements sur le voyage photo à l’origine de cet article, cliquez ici !